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Mes paumes pour s’aventurer au milieu des couleurs, je les ai tartinées, je me suis glissée dedans. A ras bord l’acrylique, à ras bord le pastel. Au hasard de mes envies s’organise l’errance sur la feuille blanche, c’est une balade acharnée de coloris et de matières. Pulvériser, éclabousser, gratter la surface jusqu’à ce qu’apparaisse une image que je n’aurais pas su dire.

 

Là, sur mon territoire de papier mille fois percé par le temps, frappé par le vent, les feuilles déchirées se sont faites dentelles de métal où s’est imprimée la mémoire de terres océanes. Couche après couche je marque, je frappe, je trace : j’écoute jusqu’à ce que s’embrasent les couleurs, rouge brique pour rouille vive.

 

Je suis là, dans ma peinture mais à bord de ces plages infinies, érodées par le son du vent et celui du pinceau qui racle. Couche après couche je me suis plongée, j’ai foré le voile, raclé mes glacis jusqu’à toucher à la force de mes abandons, ce pays des mémoires.

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par Lilly Caspar

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